La Saône et Loire au cœur d’une dynamique mémorielle régionale, nationale et internationale.

Entre 1450 et jusqu’en 1888 date de son abolition au Brésil, la traite négrière et l’esclavage ont broyé plus de 12 millions d’Africains.

« Premier système de mondialisation de l’histoire, la traite négrière transatlantique et l’esclavage qui en est issu, constituent la matière invisible des relations entre l’Europe, l’Afrique, les Amériques et les Antilles.  

Cet épisode dramatique de l’histoire de l’humanité appelle, par son coût humain (plusieurs dizaines de millions de victimes), par l’idéologie qui l’a sous-tendu (la construction intellectuelle du mépris culturel de l’Africain et donc du racisme pour justifier la vente d’êtres humains comme des biens meubles selon la définition du Code noir français), par l’envergure de la déstructuration économique sociale et culturelle du continent africain, à une remise en question du silence historique qui l’a entouré pendant longtemps ». Doudou Diène – Unesco.

En 1994, pour ouvrir cette page tragique de l’histoire de l’Humanité, l’Unesco lançait le projet de « la route de l’esclavage » qui entre l’Europe, l’Afrique et l’Océan Indien, les Amériques et la Caraïbe visait à identifier, valoriser et mettre en réseaux les historiens, les chercheurs et les sites et lieux de mémoires liés à la traite négrière, l’esclavage, les résistances et les abolitions.

En 2001, à la Conférence Mondiale de Durban sur le racisme, la xénophobie, les discriminations et l’intolérance qui y est associée l’organisation des Nations Unies reconnaissait que la traite négrière et l’esclavage avaient été des crimes contre l’humanité dont les conséquences étaient encore visibles dans nos sociétés contemporaines.

Dans le même temps, la France, adoptait le 21 mai 2001 la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité, première loi mémorielle décrétée dans le monde et qui faisait obligation à ouvrir cette histoire et à l’intégrer dans le récit national par le renforcement de la recherche scientifique, le développement et l’enseignement, la valorisation des lieux de mémoire et la proclamation d’une journée commémorative, fixée en 2006 au 10 mai en métropole.

Depuis lors une dynamique mémorielle s’est développée sur tout le territoire nationale et du Grand-Est en particulier avec la création du premier réseau de sites et de lieux de mémoire lancé dans le monde avec « la route des abolitions de l’esclavage » unissant les sites de la Maison de la Négritude de Champagney en Haute-Saône, la Maison Abbé Grégoire d’Emberménil en Meurthe-et-Moselle, le fort de Joux –Toussaint Louverture dans le Doubs, les forêts mémoire Anne-Marie Javouhey à Chamblanc-Seurre et Jallanges en Côte d’Or et le musée Victor Schoelcher à Fessenheim dans le Haut-Rhin.

Terre continentale au destin industriel et commercial, rien ne semblait relier la Saône-et-Loire à l’histoire de l’esclavage des nègres dans les colonies d’Outre- atlantique.

Et pourtant de la première colonisation des Antilles et le débarquement d’esclaves sous la Royauté à partir de 1635 jusqu’à son abolition définitive en 1848, la Saône-et-Loire peut s’enorgueillir d’avoir été à l’avant-garde du combat contre l’esclavage.

Le voyageur Pierre Moreau de Paray-le-Monial en 1651, les Cahiers de Doléances de Toulon-sur-Arroux et du baillage de Charolles dès 1789, l’action du général Lavaux de Digoin, artisan de l’abolition de l’esclavage de 1793 à Saint-Domingue, d’Anne-Marie Javouhey fondatrice de la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny et émancipatrice des esclaves en 1838 en Guyane ou Alphonse de Lamartine né à Mâcon, Président de la Société Française pour l’Abolition de l’Esclavage et Président du Gouvernement provisoire qui signe le décret de l’abolition définitive de l’esclavage du 27 avril 1848 sont autant de personnages, de dates et de lieux qui font de la Saône-et-Loire une référence dans le paysage mémoriel national et dont le destin est de venir renforcer la dynamique mémorielle engagée dans le Grand-Est et de faire de la nouvelle région Bourgogne-Franche-Comté  le grand pôle mémoriel national.